Fongicides céréales Le marché repart

Des alternances de sécheresse et de froid en début de campagne, puis de fortes pluies ont offert cette année un terrain plus propice aux maladies qu’en 2020. Avec une pression septoriose tardive et plus intense que l’an passé sur blé, de la rouille jaune sur certains secteurs et de la fusariose, 2021 est marquée par un cocktail de maladies. Sur les orges, la pression rhynchosporiose a été assez généralisée, suivie de symptômes de ramulariose et grillures selon les régions. « Les nuisibilités moyennes ajustées sur le réseau d’essais BASF sont de 11,9 q/ha pour les blés (8,8 en 2020) et de 10,6 q/ha pour les orges d’hiver (6,1) », relève Jérôme Tournier, responsable pôle céréales de BASF.

Comme l’an dernier, la protection se concentre au T2 au stade dernière feuille étalée, avec des impasses au T1. Dans ce contexte, l’investissement fongicide agriculteur diminue encore un peu, autour de 51 €/ha. Le nombre moyen de traitement reste identique avec 1,9 sur blé tendre et 1,6 sur orge d’hiver. Concernant les principaux intervenants, BASF maintient sa position de leader en 2021 avec plus de 30 % du marché, gagnant 1,9 % de part de marché, devant Bayer et Syngenta. Corteva (8 %) et Nufarm (7,9 %) se placent en 4^e et 5^e positions.

Les retraits se poursuivent

La liste des matières actives continue à rétrécir. Le cyproconazole va être retiré du marché fin 2021 (utilisation autorisée jusqu’au 30/11/2022), ce qui restreint encore la liste des fongicides de la famille des triazoles autorisés. Et 2022 sera la dernière année d’utilisation des fongicides à base de procholoraze (fin d’approbation fixée au 31/12/2021), substance active qui était utilisée en traitement de l’épi et aussi en traitement précoce au T1.

Depuis quatre campagnes, ce segment T1 poursuit son effritement. Le retrait est estimé à − 20 % en hectares déployés en 2021. Les offres de biocontrôle marquent une progression, principalement les fongicides à base de soufre seul ou associé, tels Faeton, Thiovit, Perf’ win… Le retrait du chlorothalonil en 2021 a joué en faveur des biosolutions et des autres fongicides multisites. Le folpel, fongicide conventionnel multisite, reprend aussi du service, notamment sur l’orge d’hiver.

Revystar domine au T2

Comme prévu, le recentrage des programmes au T2 continue à s’affirmer avec une progression d’environ 20 % en hectares déployés pour la campagne 2021. Plus de quatre hectares de céréales sur cinq ont été protégés avec un fongicide SDHI seul ou associé. « L’innovation Revysol, premier isopropanol-azole notamment contenu dans Revystar XL, a été utilisée sur 1,6 Mha en 2021, soit une croissance de 770 000 ha par rapport à 2019-2020, relève Jérôme Tournier. Revystar XL est devenu le premier produit du marché, avec plus de 700 000 ha. » Selon l’étude BASF réalisée en juin 2021 auprès de 121 agriculteurs, 94 % des utilisateurs de Revystar XL envisagent de réutiliser ce fongicide en 2022.

Bayer s’inscrit comme le deuxième acteur sur le segment des SDHI, avec notamment le Kardix (bixafen) qui a protégé 1,4 Mha de céréales. De son côté, Syngenta note une progression des solutions à base de Solatenol technology, tel que Elatus Era. Sur le segment des triazoles, le prothioconazole conserve une part de marché stable. Nufarm détient 60 % du segment des solutions tébuconazole, marquant une forte progression de Mystic et d’Ampera.

Le T3 en nette hausse

Un mois de juin 2021 localement arrosé a entraîné une forte pression de fusariose dans de nombreux secteurs. Les souches dominantes demeurent le Fusarium graminerum et le Microdochium. Par consé­quent, les applications au T3 ont augmenté de 30 % en hectares déployés et permis de maintenir rendement et qualité des céréales protégées. D’après les observateurs, ce segment est celui qui progresse le plus en 2021, avec des produits utilisés à dose homologuée pour assurer une récolte sous le seuil de mycotoxines. La gamme Prosaro de Bayer représente 35 % des surfaces au T3. Les anti-fusarioses Soleil/Djembe de Philagro, à base de bromuconazole et tébuconazole, enregistrent aussi une progression. L’Échiquier, biosolution lancée par De Sangosse, fait une première campagne qualitative de 50 000 ha. Sur plusieurs créneaux de marché, l’offre de biofongicides se faufile donc lentement, mais sûrement.